Originaire de Forcalquier, dans les Alpes-de-Hautes-Provence, Joseph Barjavel, sergent au 23e bataillon de chasseurs de Grasse, a tenu une correspondance avec ses proches et emporté avec lui un petit carnet sur lequel il a écrit ses impressions du début de la guerre. Avec des mots justes, il raconte sa découverte de nouveaux horizons (les Vosges), l'installation de la guerre dans la durée, avec ses lignes de tranchées et tente comme beaucoup de ses compagnons de minimiser la réalité du front pour ne pas inquiéter.
Très attaché à son "pays" natal, il lit avec passion les nouvelles que lui en donne Le Bas-Alpin. Pourtant éloignée du front, la petite ville de Forcalquier vit au rythme de la guerre : les jeunes filles de l'ouvroir Jeanne d'Arc travaillent activement à la confection d'effets chauds pour que les soldats affrontent au mieux l'hiver, l'ambulance militaire accueille des soldats blessés ou malades et des réfugiés sont logés et pris en charge... La rubrique "Nos soldats" énumère au fil des semaines ceux qui ne reviendront pas...
Blessé en août 1914, puis en mars 1915, il appelle de ses vœux la fin de "cette triste guerre". Malheureusement, comme son jeune frère Fernand, il ne la verra pas : le 15 juin 1915, il est tué dans le bois d'Eichwalde, lors des combats autour de Metzeral.