Les souvenirs de ce jeune "poilu" restèrent si vivants que, jusqu'à sa mort, il les écrivit, avec un talent littéraire suggérant la dureté de ce qui fut vécu. La vaillance personnelle s'y conjugue avec l'esprit d'équipe, le sentiment de l'honneur avec celui de l'absurdité, la critique contre l'inconscience des stratèges et politiques, avec une profonde pitié pour tant de "pauvres bougres", Français et Allemands. Pour lutter contre le "cafard", son don d'observation s'empare, de manière souvent bon enfant, du côté comique des situations et des êtres. Témoignage d'un temps et d'un contexte différents, dont, autant que de la rédaction postérieure aux faits, doivent tenir compte nos jugements.
À 18 ans, après avoir exercé plusieurs petits métiers, il s'engage au 106ème RI de Châlons-sur-Marne. Ses galons d'officier, il les forge au terrible creuset de la Grande Guerre. Blessé un jour avant le plus illustre témoin du 106ème, Maurice Genevoix, il poursuivra sa campagne au 19ème RI de Brest, vosgien chez les Bretons...