Parce qu'il en a eu l'expérience au début de la guerre, Gaston Mourlot peut rappeler à diverses reprises : "Je me souviens des misères de l'infanterie". Mais il est bientôt placé dans le Génie, où le risque n'a pas disparu, mais où on ne participe pas directement au combat. Là, cet ouvrier parisien retrouve le travail ; piocher, bâtir, transporter terre et rondins. Sergent, il est comme un contremaître qui dirige son équipe, houspille les tire-au-flanc ou choisit de ne pas les voir. Lorsque son "chantier" est terminé, il nous dit "je travaille pour mon compte" ou "je ne songe qu'à la perruque". Jamais il n'abandonne ses repères identitaires du temps de paix et, tous les jours, il note le bilan du travail accompli pour son "patron" ou pour ses propres affaires. "Avec un culot de 77 comme enclume", il réalise de petits objets d'art, et son habileté est reconnue par ses chefs. Même son jugement sur la guerre appartient au vocabulaire de l'ouvrier ; c'est "le bagne".
D'autre part Gaston Mourlot dessine, prend des photos, construit un herbier. Ces multiples aspects sont mis en valeur par le travail collectif de quatre membres du CRID 14-18, Alexandre Lafon, Jean-François Jagielski, Marie Llosa et Philippe Olivera, et de Carine Denjean, des Jardins botaniques de Nancy. L'édition est confiée à un autre travailleur infatigable, membre du CRID, Yann Prouillet, créateur d'Edhisto, un des piliers des Rendez-vous annuels de l'Histoire de Blois.