Depuis les années 1990, l'histoire de la Première Guerre mondiale promeut l'approche culturelle du conflit. Une petite révolution documentaire fut nécessaire. Aux sources et archives traditionnelles s'ajoutèrent des pièces souvent négligées auparavant : journaux, carnets, correspondances, objets et artisanat des tranchées. Les méthodes de l'archéologie furent aussi mobilisées. Il faut y ajouter l'iconographie au cur de cet ouvrage.
Inaugurale d'un siècle triomphal de l'image, la Grande Guerre abreuva les sociétés participantes d'une foison d'images pour témoigner, encourager les combattants, informer ou éduquer le front de l'intérieur, parfois imaginer ou dénoncer la guerre, voire y participer dans le cadre des sections de camouflage.
Tout le monde a vu la guerre, à sa façon. La montrer fut plus délicat. Que peut ou ne peut pas montrer un croquis, une carte postale, une image enfantine, une affiche, un dessin ou une peinture ? Que veut montrer son auteur, son producteur, son commanditaire ? Que croit y voir son récepteur, son destinataire, son client, son public ? Qui plus est, le besoin de voir montrer la Grande Guerre a évolué de 1914 à nos jours.
L'image est restée un vecteur mémoriel essentiel. Face à la destruction de masse et l'apparent naufrage d'une civilisation qui nous trouble encore, les artistes et leurs uvres préservent un espace de liberté individuelle et continuent d'affirmer tous les droits de l'esprit.